Décès de Madeleine Fonjallaz

Personnalité majeure du cinéma suisse, Madeleine Fonjallaz est décédée ce lundi 13 février 2023, dans sa 82e année. Depuis la fin des années 1960, à la fois scripte, assistante de réalisation, collaboratrice à l’écriture, elle a été l’observatrice attentive de l’essor du nouveau cinéma suisse (romand mais aussi alémanique, puisqu’elle maîtrisait parfaitement la langue de Goethe) et l’une de ses instigatrices les plus importantes. Plus encore, aujourd’hui, elle incarnait une indéfectible mémoire de ce cinéma qu’elle a contribué à construire, d’abord derrière la caméra, sur les plateaux, dans les associations professionnelles, et ensuite depuis la section du Cinéma de l’Office fédéral de la Culture.

Elle était une proche de la Cinémathèque suisse, où elle a déposé une grande partie de ses archives en 2021, dont l'inventaire est disponible en ligne. Elle nous rejoignait souvent depuis son domicile bernois pour assister à des projections qui l’intéressaient, retrouver des ami·e·s ou, hélas, pour accompagner l’hommage posthume rendu à l’un·e ou l’autre de ses anciens collègues, que ce soit Yves Yersin, Patricia Moraz, Francis Reusser, ou encore, en décembre dernier, Alain Tanner. Véritable grande soeur de ce cinéma et de leurs auteur·e·s, toujours présente pour les aider et les défendre, jamais avare de conseils avisés, Madeleine Fonjallaz va profondément nous manquer. La Cinémathèque suisse adresse à sa famille et à ses proches ses plus sincères condoléances.

Frédéric Maire

Une cérémonie publique en hommage à Madeleine Fonjallaz se tiendra ce vendredi 17 février à 16h15 au Kino REX à Berne.

Biographie

Née en 1941, Madeleine Fonjallaz fait ses études au gymnase puis à l’Université de Lausanne où elle obtient une licence en Lettres en 1965. Après quatre années d’enseignement au collège de l’Elysée à Lausanne, elle entre à la TSR (Télévision suisse romande) où elle travaille comme scripte de 1968 à 1973. En parallèle elle commence aussi à travailler comme scripte ou assistante de réalisation pour Claude Champion pour le sketche Sylvie, un des épisodes de Quatre d’entre elles (1967), Vive la mort de Francis Reusser (1969) ou L’invitation de Claude Goretta (1972). Devenue indépendante, elle collabore à des productions telles que La fille au violoncelle de Yvan Butler (1973), Pas si méchant que ça de Claude Goretta (1974), Le milieu du monde de Alain Tanner (1974), Le grand soir de Francis Reusser (1975), Die plötziche Einsamkeit des Konrad Steiner de Kurt Gloor (1975), San Gottardo de Villi Hermann (1976), Les Indiens sont encore loin de Patricia Moraz (1976), Les petites fugues de Yves Yersin (1978), Alzire oder der neue Kontinent de Thomas Koerfer, (1977), Video 50 de Bob Wilson (1978), Matlosa de Villi Hermann (1980), L’Allègement de Marcel Schüpbach (1982), Glut de Thomas Koerfer (1982), L’air du crime de Alain Klarer (1983), Précis de Véronique Goël (1985) ou Der schwarze Tanner de Xavier Koller (1985). Elle rédige aussi deux textes édités par la Société suisse des Traditions populaires en complément aux films d’Yves Yersin Les cloches de vaches et La tannerie et collabore à plusieurs projets écrits par le cinéaste vaudois.

En 1974, elle figure parmi les membres fondateurs de l’Association suisse des techniciens du film, qu’elle présidera de 1979 à 1982. En 1977, elle participe à la création de la société Film et Vidéo Collectif SA (FVC) à Ecublens avec entre autres Yves Yersin, Claude Champion, Jean-François Amiguet, Marcel Schüpbach et Frédéric Gonseth.

En 1987, elle décide de changer radicalement de position. Elle quitte son activité au côté des créateurs pour devenir une figure clé du soutien à la production cinématographique. Elle entre à l’Office fédéral de la culture, section cinéma, où elle est chargée de l’encouragement du cinéma. Elle devient le pivot des aides financières fédérales aux films, notamment au côté de Christian Zeender, puis de Marc Wehrlin. Elle restera à l’OFC jusqu’à sa retraite en 2001. Dans cette fonction, de 1993 à 2001, Madeleine Fonjallaz a représenté la Confédération auprès d’Eurimages, le fonds culturel du Conseil de l’Europe créé en 1988, qui soutient la coproduction, la distribution et l’exploitation de films européens.