Le producteur Jean-Marc Henchoz est décédé jeudi des suites d'une opération du coeur. Il avait 69 ans. C'est pour la Cinémathèque suisse – et pour le soussigné – une figure majeure du cinéma qui disparaît. Même s'il s'était retiré des affaires, il incarnait toujours une haute idée du cinéma dans ce pays, et aussi une image du succès.
Fils de paysans, venu du Pays d'En-Haut et installé dans le canton de Neuchâtel, Jean-Marc Henchoz est une figure presque mythique dans le cinéma (suisse, mais pas seulement). Je le connaissais comme le producteur légendaire de L'argent de Robert Bresson (1983), et je le voyais dans un champ sur son tracteur. Il faisait des films depuis sa ferme, tout en soignant des vaches et des chevaux. Il a élevé des films comme il a fait grandir des arbres. Il parlait du cinéma comme de la nature. Il est aussi un des rares, en Suisse, a avoir connu les joies de l'immense succès avec Microcosmos qu'il avait coproduit avec Jacques Perrin, ou plus tard Himalaya, Le peuple migrateur, Océans et j'en passe.
Comédien, à la fois au Théâtre populaire romand ou en paysan aviné dans Les bronzés font du ski, il a ensuite joué le producteur avec force et avec panache. Il a aussi mis en place une société de distribution qui est une des rares à se consacrer en grande partie au cinéma français. Sous le chapeau de JMH, le nom de ses sociétés, il a produit Jacqueline Veuve, Claude Goretta, Francis Reusser, Edgardo Cozarinsky, Michel Rodde, Marcel Schüpbach, Fernand Melgar et j'en oublie. Je salue ici aussi ses fils, notamment Matthieu – qui pilote JMH aujourd'hui – et Nil.
Bref, adieu Jean-Marc. Tu vas nous manquer très fort.
Frédéric Maire