Conserver, restaurer et valoriser le cinéma

Diversi 15 novembre 2021

Alors que débute mercredi 17 novembre la rétrospective consacrée à l'œuvre d'Henry Brandt, Frédéric Maire signe dans notre dernier bulletin un éditorial sur la mise en valeur du patrimoine cinématographique et de la filmographie du cinéaste et photographe neuchâtelois en particulier.
Avec la sauvegarde et la restauration du patrimoine cinématographique en Suisse, une autre grande mission de la Cinémathèque suisse est de le mettre en valeur. Nous le faisons régulièrement en organisant des cycles, des hommages et des rétrospectives dans nos salles, et en diffusant ces mêmes films dans les cinémas et les festivals en Suisse et à l’étranger. Le Marché international du film classique à Lyon, où la Suisse était l'invité d’honneur en octobre dernier, nous a récemment donné l’occasion de mettre en vitrine le patrimoine cinématographique national, ce trésor plutôt méconnu au-delà de nos frontières.
   La rétrospective que la Cinémathèque suisse consacre en cette fin d’année au cinéaste neuchâtelois Henry Brandt, qui aurait eu 100 ans en 2021, participe de la même démarche : mettre en valeur l’œuvre d’un cinéaste d’ici qui a été célébré de son vivant mais injustement oublié, notamment dans la mesure où ses films, tournés majoritairement en 16mm, étaient en trop mauvais état pour être visionnés. Et pourtant, comme nous le rappelons plus loin, Brandt a été probablement l’un des réalisateurs helvétiques les plus vus et reconnus par la population suisse dans les années 1960 et 1970.
   Rendre son oeuvre à nouveau visible et accessible est le résultat de près de dix ans de travail pour la Cinémathèque suisse. Si les éléments originaux de ses films étaient presque tous, heureusement, sécurisés dans nos archives, il a fallu progressivement les analyser et définir comment travailler à leur restauration, pour ensuite les nettoyer, les préparer, les numériser, les restaurer et les rendre enfin accessibles. Comme les moyens financiers et humains nécessaires à ce projet étaient importants et qu'il n'est pas imaginable pour la Cinémathèque suisse de privilégier un seul cinéaste aux dépens des autres, cela a pris du temps.
   Mais grâce aux nombreuses années consacrées à ce projet, la collaboration avec les fils du cinéaste, Christophe et Jérôme Brandt, s’est intensifiée et a apporté son lot de belles surprises. En fouillant dans les archives de la famille, ils ont par exemple retrouvé des bobines de film méconnues, et des bandes-son que l’on croyait perdues : des enregistrements de chants et de musiques réalisés pendant le tournage des Nomades du soleil, en 1953, ou les musiques originales de Julien-François Zbinden qui étaient diffusées dans les couloirs de passage entre les salles de l'installation de Brandt à l’Exposition nationale suisse de 1964 à Lausanne. Ces précieux documents sont maintenant sauvegardés et numérisés. Par ailleurs, ce centenaire a permis de mettre en valeur les milliers de photographies qu'Henry Brandt a réalisées durant sa carrière qui étaient soigneusement conservées à Neuchâtel à l’Institut suisse pour la conservation de la photographie.
   Les nombreuses projections des films restaurés d'Henry Brandt qui ont eu lieu ces derniers mois à Paris, Turin, Rotterdam, Berlin ou Locarno le démontrent : Brandt ne mérite pas seulement d’être redécouvert, il se révèle aujourd’hui d’une incroyable modernité.
Frédéric Maire, directeur de la Cinémathèque suisse

Henry Brandt et sa caméra Bolex-Paillard
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